La gazette du Réseau international Poclande                               janvier-février-mars 2024 #2
EDITO
Chères et chers ami-e-s,

Suite au troisième Congrès du Réseau international POCLANDE et après le bilan scientifique qui vient d’être fait, je crois que nous serons d’accord sur au moins deux aspects très généraux :
1) Le thème des « transmissions » a été bien choisi et s’est révélé extrêmement productif et fédérateur ;
2) Nous sommes partis de Fès avec une conscience accrue des enjeux des transmissions par rapport au dossier du développement durable :
les transmissions équilibrent et en quelque sorte stabilisent la dialectique de continuité/permanence vs discontinuité/impermanence qui régit nécessairement tout héritage (linguistique, culturel, comportemental) pris dans sa trajectoire diachronique.

Maintenant, permettez-moi, chères et chers collègues, de vous faire part de quelques considérations concernant le présent et l’avenir de notre Réseau. A mon avis, le Congrès de Fès marque un tournant dans la vie de notre association. C’est un tournant pour trois raisons...

Je vous invite à retrouver la suite à la fin de cette gazette dans la version intégrale de mon  discours de clôture du Congrès de Fès.

Amicalement,

Giovanni Agresti, Président du Réseau international POCLANDE
Le 3e Congrès du Réseau International POCLANDE : "TRANSMISSIONS. Langues, arts et cultures au cœur des enjeux du développement durable" 
(22 au 25 novembre 2023)
Plus de 150 personnes se sont retrouvées au Centre des Etudes Doctorales Dhar El Mahraz de l'Université Sidi Mohamed Ben Abdellah de Fès. Le bilan est très positif : 4 journées de congrès, 168 communications, des recommandations, de la convivialité et de riches échanges sur une thématique inspirante ouvrant sur des collaborations futures ! Le réseau a par ailleurs eu le plaisir d'accueillir de nombreux nouveaux poclandiens !
Un grand merci à Rahma Barbara et à toute son équipe pour ce beau congrès qui a marqué la vie de notre réseau !

Retrouvez prochainement la revue de presse du congrès sur notre site internet.
Lors de la cérémonie d'ouverture du Congrès, Madame Eppié Augustine Michaella BONGBA (Université Alassane Ouattara Bouaké, Côte d’Ivoire) s'est vue remettre la Bourse Amélie Hien.
"C'est une grande satisfaction pour moi d'être lauréate de la première édition du prix "Amélie Hien". Mes remerciements vont à l'endroit du bureau du réseau POCLANDE, mais également à Amélie Hien, l'initiatrice de ce prix. Nous promettons d'approfondir nos recherches et de promouvoir nos recherches en linguistique pour le développement axée sur la santé publique et la médecine."
Eppié Augustine Michaella Bongba
Le Prix de la recherche en Linguistique pour le développement 2023 du réseau POCLANDE a été remis à Monsieur Maxime Yves Julien Manifi Abouh (Université de Yaoundé 1) pour son ouvrage préfacé par Marcel Diki-Kidiri : La « linguistique pour le développement » par la terminologie et la traduction avec une expérience heuristique dans le domaine agricole en Yambeta.
"J’ai l’immense honneur d’avoir été sélectionné en tant que lauréat du distingué Prix Junior de la Recherche en Linguistique pour le Développement pour le compte de l’année 2023, par un jury aussi illustre que celui mis sur pied par le prestigieux réseau POCLANDE. J’exprime ma profonde gratitude envers le réseau POCLANDE pour son engagement à soutenir et à valoriser les jeunes chercheurs du monde entier. Ce soutien précieux est une source de motivation inestimable. Je suis déterminé à poursuivre mes efforts pour un avenir où la linguistique joue un rôle central dans le progrès de nos sociétés." Maxime Yves Julien Manifi Abouh
ACTUALITÉS
Événement du réseau Poclande
Assemblée générale 2024
La prochaine Assemblée générale du réseau POCLANDE aura lieu à l'automne 2024. Temps fort de la vie de notre réseau, cette AG sera l'occasion de renouveller les membres de toutes les instances (bureau exécutif, conseil d'administration, comité scientifique).
Cette AG sera précédée d'une AG extraordinaire afin de réviser les textes qui définissent les règles de fonctionnement de notre association (statuts et réglement intérieur).
Tous les membres du réseau ayant leur cotisation à jour seront invités très prochainement à y participer.
Appel à contributions
Actes du 3e Congrès du Réseau POCLANDE

L'appel à contribution pour la publication des Actes du Congrès de Fès est en route ! Trois projets de publication sont prévus afin de permettre la diffusion d'un maximum de travaux présentés au Congrès de Fès : trois publications thématiques dans trois maisons d’éditions aussi bien locales qu’internationales. Les différentes publications sont attendues pour 2025.
Rahma Barbara, qui coordonnera l'ensemble, a envoyé un mail le 29 février à tous les participants afin de faire le point sur leurs intentions de publication. Les réponses, qui étaient attendues pour le 10 mars, sont une première étape dans la conduite de ce beau projet éditorial.
Congrès du Réseau POCLANDE
Préparation du 4e Congrès du Réseau POCLANDE 2025

Le prochain congrès de notre réseau aura lieu à Montpellier en novembre 2025. Il sera organisé par une équipe de l'université de Montpellier pilotée par les poclandiens Ksenija Jordjevic et Jean Léo Léonard qui ont présenté leur projet à Fès. La thématique de ce 4e Congrès sera : "Langues et cultures face aux crises environnementales".

COLLABORATIONS INSTITUTIONNELLES
DGLFLF
Soutien institutionnel au Réseau

Le réseau POCLANDE a été invité par le ministère de la Culture français à travers la Délégation générale à la langue française et aux langues de France (DGLFLF) à soumettre d'une part une demande de subvention et d'autre part à apporter une contribution à la revue Culture et Recherche consacrée aux enjeux écologiques. Cette revue a pour but de valoriser les laboratoires de recherche et les équipes soutenues par le ministère de la Culture. L'article en question portera sur l’influence du changement climatique sur la dynamique des langues et leur assise territoriale. Ksenija Jordjevic et Jean Léo Léonard ont accepté de rédiger cette contribution.
FrancophoNéa
Projets de collaboration

Le réseau POCLANDE ne peut être que renforcé par les liens qu'il tisse avec d'autres réseaux scientifiques qui partagent les mêmes valeurs et les mêmes objectifs orientés vers la linguistique pour le développement. Le soutien apporté à l'Observatoire du plurilinguisme africain en est un bel exemple. Le réseau FrancophoNéa, dont le périmètre scientifique rejoint le nôtre, notamment pour ce qui relève de ses axes "francophonies et développement durable" et "francophonies, éducation et plurilinguisme", déploie un certain nombre de projets auxquels le réseau POCLANDE pourra se greffer, soit sous la forme d'un soutien financier à la hauteur de ses moyens soit de collaborations scientifiques.

FORMATIONS UNIVERSITAIRES
Université Bordeaux Montaigne
Master Plurilinguisme et linguistique du développement social

La diversité linguistique (plurilinguisme individuel, multilinguisme collectif) représente un enjeu social et culturel majeur dans le monde contemporain.
Le master « Plurilinguisme et contact de langues », organisé en régime de double diplôme franco-allemand (Université Bordeaux Montaigne et Universität Konstanz), vise à former et outiller, du point de vue non seulement théorique mais également pratique, tout étudiant souhaitant maîtriser ce dossier.
Université des Seychelles
Master trilangue MASTRI (créole, anglais, français)

L’Université des Seychelles, en collaboration avec Aix-Marseille Université, a officiellement lancé son projet de Master Trilangue-MASTRI. Avec le soutien de l’Ambassade de France, ce projet vise à répondre aux demandes venant de la société civile et ce, dans différents domaines. Le principal objectif est de mettre en place, au sein de l'Université des Seychelles fondée en 2009, un cursus de Master trilangue incluant le créole seychellois qui permettra aux étudiants locaux d’atteindre un niveau de formation élevé (bac 5) sans avoir à s’expatrier pendant deux ans. Le Master trilangue MASTRI accueillera ses premiers étudiants à la rentrée 2025.
Plus d'information ici et

NOURRITURES POCLANDIENNES
Ouvrage
Studi di Glottodidattica, vol. 8, n° 2 (2023)
Ce numéro de la revue Studi di Glottodidattica est consacré aux défis que la didactique du français a dû envisager au cours des dernières années. De multiples leviers de changements ont intéressé ce domaine suite à une évolution des méthodes d’enseignement, des situations d’apprentissage ainsi que de l’individualité des apprenants eux-mêmes. Ce numéro revient sur les enjeux de transmission des savoirs et des connaissances qui doivent être repensés à la lumière des évolutions concrètes des sociétés. Sans séparer le côté théorique de la dimension opérationnelle et à l’instar des diverses sciences humaines – sociologie, linguistique, psychologie –, la didactique des langues peut assurer un rôle actif dans la réflexion autour des conduites humaines dans le monde. Avec une contribution de Giovanni Agresti et Diyé Mballo : Didactique des langues et droits linguistiques de première catégorie. Enjeux et facteurs de l’intégration des immigrés en France.
Colloque international
1er Colloque de l'OPA
Le 1er Colloque international du plurilinguisme africain (OPA), auquel le réseau POCLANDE a apporté son soutien financier, s'est tenu à l'Université de Dschang, au Cameroun, les 13-15 décembre 2023. Sa thématique était "Penser les pratiques, l'apprentissage, l’enseignement des langues et cultures africaines face au marché de l’emploi Contributions pour un développement socioéconomique durable". Organisé par Léonie Tatou et Amélie Leconte (respectivement membre d'honneur et membre du bureau exécutif du réseau POCLANDE), le colloque a rassemblé une centaine de chercheurs et membres de la société civile pour des échanges fructueux dans le domaine de la linguistique du/pour le développement.
Nous attendons les Actes du colloque avec impatience !
Plus d'information ici
Conférence internationale
African languages conference
La Conférence sur les langues africaines (AFLC) est un événement annuel qui rassemble des activistes linguistiques, des professionnels des langues et toute personne passionnée par les langues afin de promouvoir les langues indigènes africaines. Organisée par Avishta Seeras de Lingua-Cultura Experience et Ady Namaran de Bolingo Consult, la conférence a lieu pendant la Semaine des langues africaines, du 21 au 28 février. La Semaine des langues africaines a été lancée en juillet 2021 à Ouagadougou, au Burkina Faso, par l'Académie africaine des langues (ACALAN), une institution spécialisée de l'Union africaine. Selon l'ACALAN, la Semaine des langues africaines vise à attirer l'attention sur l'utilisation des langues africaines, à soutenir le rôle crucial de ces langues dans l'intégration sociale, le développement économique et la construction d'une paix durable en Afrique. Par le biais de conversations et d'échanges d'expériences, la Conférence sur les langues africaines vise à mettre en lumière le rôle des langues africaines dans le développement du continent et à encourager leur utilisation dans la vie quotidienne. La conférence 2024 qui s'est tenue du 21 au 28 février a comporté 19 sessions. Les sessions se sont déroulées en wolof, zoulou, twi, yoruba, kiswahili, sheng', igbo, pidgin nigérian, français et anglais.
Plus d'information ici et
 
ADHÉSION AU RÉSEAU POCLANDE
Renouvellement des adhésions

N'oubliez pas de renouveler vos adhésions !

Les cotisations au réseau POCLANDE sont annuelles. Elles sont payables par virement bancaire (demander le RIB) et par chèque payable en France. Pour les transferts d’argent, de nouvelles dispositions sont prises. 

Pour toutes informations, contacter : poclande@gmail.com
après un grave dysfonctionnement technique survenu fin décembre, l’adresse e-mail du réseau est à nouveau fonctionnelle

Soyons nombreux à soutenir le réseau ! 



LE DISCOURS DE CLÔTURE DU CONGRÈS DE FÈS
DE NOTRE PRÉSIDENT

Chères et chers ami-e-s

Au moment de clôturer le troisième Congrès du Réseau international POCLANDE, après de si denses journées et une si riche assemblée générale, et après le bilan scientifique qui vient d’être fait, je crois que nous serons d’accord sur au moins deux aspects très généraux :
1) Le thème des « transmissions » a été bien choisi et s’est révélé extrêmement productif et fédérateur ;
2) Nous partons de Fès avec une conscience accrue des enjeux des transmissions par rapport au dossier du développement durable : les transmissions équilibrent et en quelque sorte stabilisent la dialectique de continuité/permanence vs discontinuité/impermanence qui régit nécessairement tout héritage (linguistique, culturel, comportemental) pris dans sa trajectoire diachronique.

Maintenant, permettez-moi, chères et chers collègues, de vous faire part de quelques considérations concernant le présent et l’avenir de notre Réseau. A mon avis, le Congrès de Fès marque un tournant dans la vie de notre association. C’est un tournant pour trois raisons. 

Tout d’abord, ces journées ont été caractérisées par une grande générosité de la part des organisateurs, et tout particulièrement de notre vice-Présidente Rahma. Chère Rahma, chère amie, chère collègue, que les remerciements qui te sont adressés avec toute la sincérité dont nous sommes capables rejoignent toute ton équipe. Tu as réussi le pari : faire sentir chez soi tout le monde, même celles et ceux qui, comme moi, ont pour la première fois découvert le Maroc et cette ville magnifique. Je crois interpréter les sentiments de tous les participants. Le Congrès POCLANDE de Fès restera gravé dans notre mémoire.

Ensuite, Fès 2023 représente un tournant dans notre vie associative parce que le réseau s’est considérablement élargi, comme jamais auparavant. Pendant les quatre journées du Congrès, nombreuses et nombreux sont les collègues qui ont rejoint notre organisation. Qu’elles, qu’ils soient les bienvenu-e-s ! Nous atteignons aujourd’hui près de 100 membres à jour de leurs cotisations. L’élargissement du Réseau est non seulement le reflet du succès de notre raison d’être, mais également une garantie à la fois d’autonomie et de collégialité, vertus que nous nous devons de cultiver.

Enfin, après près de six ans d’activités particulièrement intenses, POCLANDE n’est plus un jeune réseau : nous sommes entrés en pleine phase de consolidation. Quelques nouveautés particulièrement significatives ouvrent une nouvelle étape, orientée vers la promotion des jeunes chercheurs : les distinctions que nous avons remises le premier jour, et l’émotion des récipiendaires, disent bien notre volonté ferme d’accompagner la relève et, d’abord, d’en reconnaître le potentiel. Nous allons poursuivre dans cette direction. Nous sommes déjà au travail pour envisager les nouveaux appels à candidatures aussi bien de la bourse Amélie Hien que du Prix junior de la recherche en linguistique pour le développement.

Si Fès 2023 a été indéniablement un franc succès, le rôle qui est le mien m’impose une sincérité totale, d’autant plus que dans un an environ je cesserai d’être le Président du Réseau POCLANDE – même si je resterai, bien entendu, membre actif de l’association. Je souhaite terminer mon second et dernier mandat sur un propos qui contient un devoir de vigilance. Malgré mon rôle, les mots qui suivent n’engagent que moi, car ils sont formulés à chaud : libre à nous d’en discuter ici et maintenant, et bien entendu dans les jours et semaines qui viennent, en nous autorisant la plus grande liberté.

Lorsqu’un réseau s’élargit, et si rapidement, le risque est que l’on puisse parfois perdre de vue, peu ou prou, les fondamentaux, les lignes directrices qui ont inspiré la création du Réseau lui-même, que nous devons pour l’essentiel aux collègues que nous appelons volontiers les précurseurs de la linguistique de/du/pour le développement (social). Il faudrait à mon sens toujours préciser de quel type de développement il doit s’agir. D’où la nécessité d’accompagner ce praxème, « développement », par un adjectif : « social », si besoin ; « durable » ou « soutenable » dans tous les autres cas. Je constate cette nécessité d’articuler notre idée de « développement » tout en souhaitant qu’un jour ces adjectifs deviendront réellement implicites, pleinement acquis. Je le dis un peu brutalement : notre mission n’est pas d’aider les populations à entrer dans la globalisation, comme j’ai pu l’entendre au cours d’une séance du Congrès. Je le dis autrement – et, je le répète, ces mots n’engagent que moi : nous sommes et, à mon sens, nous devrions rester une avant-garde. Nous nous devons de faire autrement. Nous n’avons à emboîter le pas à aucune démarche majoritaire. Je le dis avec les mots de M. Bernoussi SALTANI, qui nous a offert, ici même, un précieux témoignage : « c’est le pouvoir, qui n’a rien à voir avec l’université, qui nous étouffe ».

Le développement soutenable – je préfère l’appeler ainsi – doit être le souci de toutes et de tous. Et pour de vrai. Aujourd’hui, l’impression est que seulement quelques intellectuels courageux et, surtout, les jeunes, des groupements de jeunes, prennent vraiment au sérieux le problème de l’écocide, de la destruction de l’environnement. En réalité, les populations les plus vulnérables, dont ceux que l’on appelle « les peuples autochtones », ceux qui n’ont jamais transigé avec le respect de leur environnement, constitutif de leurs existences mêmes, ces populations là sont aussi en première ligne. C’est pourquoi nous devons apprendre d’elles : les communautés aborigènes dans l’encyclique de Pape François ; la lutte des Guarani dans un élan de réappropriation de terre, langue, culture, identité, ou retomada, qui ne va pas sans rappeler le riacquistu des Corses, etc. Dans tous les cas, ces populations ont bien à l’esprit la nécessité suprême de penser le linguistique au cœur de l’humain, et l’humain au cœur de tous les systèmes de valeurs. Voici une autre perle de M. SALTANI, que je m’approprie volontiers : « Nous ne sommes jamais assez humains… ».

Mais si la place de la linguistique pour le développement est du côté des marges, des périphéries, des vulnérabilités – on n’intervient qu’à partir de fragilités –, il est de notre devoir d’agir aussi depuis les centres de pouvoir. Nous sommes, dans la plupart des cas mais sans exclusivité, des universitaires. Nous avons le devoir, la responsabilité de former des générations de jeunes, et d’avancer avec eux, conscients que dans la transmission, comme dans toute interaction, les deux pôles sortent modifiés. Toute avant-garde, comme tout dialogue authentique, prévoit des prises de risque. Il y a donc dans notre démarche une approche construens : c’est, d’abord et surtout, l’aménagement du corpus et la fonctionnalisation des langues moins répandues ; mais notre démarche doit également inclure un volet destruens, ou déconstructif : il n’y aura pas de changement de paradigme sans une forte remise en cause du paradigme dominant, que nos politiques, atteints de court-termisme, rechignent à vouloir réellement remettre en cause.

Dans cette perspective, un regard sur les langues du monde et l’économie me paraît dramatiquement parlant : alors que dans le monde 95% des langues sont parlées par juste 4% de la population, les ressources financières sont de plus en plus concentrées dans la main de moins en moins de personnes. Les inégalités entre individus, groupes, langues, ne font qu’augmenter. Est-ce cela le progrès de l’humanité ? Il s’agit pour nous, au sein de notre Réseau, de questionner les rapports, les correspondances entre ces tendances et, aussi, entre elles et la perte de biodiversité, les dérèglements climatiques, l’appauvrissement des sols. La globalisation qui nous intéresse doit être celle de l’équilibre dans la diversité et non la globalisation financière dans l’uniformisation, qui est en dernier ressort un processus de centralisation technocratique et technologique. Autrement dit, il faut donner une fois pour toutes une lecture positive du mythe de Babel, et penser la diversité des langues et des cultures, et leurs interactions, comme une bénédiction, comme un barrage limitant nos erreurs et préservant la richesse des écosystèmes et non comme une barrière au développement économique, et encore moins comme une source de conflits (les dernières guerres en Europe, dans les Balkans et en Ukraine, prouvent bien, hélas, qu’une langue en partage ne saurait assurer ipso facto la paix et le dialogue entre les nations). Oui, je sais, c’est un « vaste programme ». Mais, comme le rappelle une chère collègue qui est présente dans la salle, la vie est courte et on n’a qu’une vie.

J’aimerais conclure ces propos par une citation de mon compatriote et grand lanceur d’alerte Pier Paolo Pasolini, linguiste lui aussi de par son extraordinaire sensibilité vis-à-vis de la langue, du langage, du discours et de leur impact social :
Vive la vie !
Vive la diversité !
Vive notre opiniâtreté !
Vive notre beau Réseau.

Merci à vous tou-te-s. Giovanni Agresti
APPEL AUX MEMBRES
Pour publier une information en lien avec la thématique du réseau POCLANDE dans cette gazette (événement scientifique, publication, appel à chercheurs, etc.), n'hésitez pas à la soumettre au bureau exécutif de Poclande en envoyant un email à poclande@gmail.com
 
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